La ville de demain doit devenir durable

Philippe Pottiée-Sperry
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Début du mandat municipal et impact fort de la crise sanitaire. Le contexte impose plus que jamais de repenser la ville et de la construire différemment. La journée sur « Les villes de demain », organisée le 15 septembre, par le Hub Institute, think tank qui accompagne les entreprises et les organisations sur les transformations, en partenariat avec Zepros territoires, tombait à point nommé.

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En préambule, son président, Vincent Ducrey, a listé une série de thèmes clés pour construire une ville durable : les mobilités ; l’énergie et l’environnement ; l’habitat ; les commerces ; l’inclusion ; les infrastructures et la maintenance ; la sécurité et la résilience ; la gouvernance locale... Dans un message vidéo, Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, a ouvert la journée en prônant, sans surprise, « une ville écologique, durable, résiliente, sobre, solidaire et alliée des territoires ». Et d’énumérer trois défis à relever : faire face au changement climatique, réduire la consommation d’énergie, préserver nos ressources naturelles et la biodiversité. Barbara Pompili appelle ainsi à « une mobilisation générale de tous les acteurs. Il faut travailler ensemble avec les territoires et les élus locaux. Nous avons besoin d’eux pour répondre aux attentes des habitants et définir les priorités ».

Paris veut « débitumiser » la ville

La journée sur « Les villes de demain » était organisée autour d’une quarantaine d’interventions d’élus ou de représentants de collectivités, ainsi que d’entreprises souvent innovantes. Au registre des mobilités, David Belliard, le maire adjoint de Paris, délégué aux transports et à la transformation de l’espace public, a d’emblée plaidé pour « privilégier la "débitumisation" de la ville, encore plus à Paris qui est très minérale avec peu d’espaces verts. Il faut donc reprendre de la place à la voiture qui occupe 50% de l’espace public parisien alors qu’elle n’assure plus que 13% des déplacements ». L’élu écologiste rappelle que quand il fait 35°, le béton est lui à 63° ! Autre chiffre révélateur : la température peut atteindre 10° de moins à 30 km de Paris. Dans ce contexte, « la priorité doit porter sur la nature en ville, loin d’être juste ludique et accessoire, en permettant d’abaisser la température de façon significative. L’arbre constitue le premier climatiseur naturel ». La ville de Paris prévoit ainsi de planter 170 000 arbres sur le mandat. Sur le même sujet, Anthony Borré, premier adjoint de Nice, cite pour sa ville le chiffre d’un arbre actuellement pour cinq habitants. « Nous voulons atteindre un arbre pour un habitant d’ici 2026 », fixe-t-il comme objectif ambitieux pour ce nouveau mandat municipal. A Paris, David Belliard insiste aussi sur l’importance de la méthode. « Il faut être pédagogique et faire retomber les tensions », explique-t-il en reconnaissant se faire encore violemment attaquer sur le sujet de la voiture. Et d’ajouter : « La façon de vivre la ville n’est plus la même. Il faut parvenir à changer les mentalités et les comportements pour réussir à se partager sereinement l’espace public ». Paris veut devenir « 100% cyclable », notamment en pérennisant les pistes temporaires ou en récupérant la moitié des places de stationnement. Quel que soit le projet ou la réalisation dans la ville, une réelle concertation apparaît indispensable. Ce constat aura été l’un des fils rouges de la journée au travers des différentes interventions. « Sans elle, rien ne peut aboutir », aura-t-on souvent entendu. Ainsi, Caroline Lapelerie, directrice déléguée à l’innovation de Toulouse Métropole, a présenté la feuille de route commune élaborée par la ville et la métropole autour de trois axes dont justement « le citoyen placé au cœur de la démarche », parallèlement à la co-construction public-privé et au rôle clé joué par la Data.

Nice : la sécurité au service de la ville durable

Sur les transports, Anthony Borré insiste sur la nécessité de se doter d’un schéma prévisionnel à moyen et long terme. « Notre schéma à 2030 est réactualisé à 2040 avec ce mandat, notamment pour un renouvellement complet de notre flotte de bus en électrique, dont certains alimentés à l’hydrogène », détaille le premier adjoint de Nice. Dans le cadre de la smart city que veut être Nice, avec la stratégie de devenir « la ville verte de la méditerranée », l’élu défend aussi l’importance de la sécurité : « Nos 3300 caméras de surveillance ne sont pas uniquement centrées sur la lutte contre la délinquance mais aussi sur la mise en œuvre d’une ville durable avec par exemple un rôle important au moment des inondations ». Et de citer aussi le futur hôtel de police mutualisé police nationale et police municipale qui accueillera « un centre d’hypervision permettant d’utiliser de nouvelles technologies, au-delà de la seule sécurité, pour prendre en compte la circulation, les transports, le développement durable ou le risque sismique ».
Anthony Borré évoque encore le projet d’une agence de sécurité environnementale et sanitaire pour prévenir les risques. « Comme partout, nous sommes sujets à Nice à des risques divers : coup de mer, attentat, risque sismique… Cette agence a vocation à fédérer l’ensemble des acteurs et à préparer des plans de continuation, explique le premier adjoint. Avec la crise du Covid-19, cet outil aurait pu nous être très utile ».

« Réparer et recoudre » Marseille

Autre ville du sud mais au contexte très différent : Marseille qui a basculé politiquement lors des dernières municipales. Pour Sébastien Barles, le nouveau maire adjoint à la transition écologique, « il faut réparer cette ville qui est fracturée et a beaucoup souffert, on le voit avec l’état déplorable des écoles et des logements ». Et de défendre « une ville écologique, une ville plus juste et une ville recousue. Il y a donc un enjeu de réparation mais aussi un enjeu de préparation de la ville aux grands défis de demain ». Parmi les chantiers prioritaires : la rénovation thermique des bâtiments ou la sortie du tout voiture en développant les mobilités douces et les transports collectifs. « Nous souhaitons notamment développer une flotte de véhicules en bioGNV qui émettent 80% de moins de gaz à effet de serre », indique l’élu marseillais. La journée fut aussi l’occasion de la première intervention de Sébastien Maire, nouveau délégué général de France ville durable (FVD). Selon lui, cette structure se veut « une place unique où acteurs publics et privés travaillent collectivement aux enjeux de sobriété, d’inclusivité et de résilience des territoires ».

Deux réalisations concrètes à Viry-Châtillon

Ville durable ne rime pas uniquement avec grande ville ou métropole. Illustration par l’exemple avec Viry-Châtillon (31 000 habitants, Essonne) qui peut se targuer d’avoir mis en œuvre deux réalisations concrètes et innovantes. Tout d’abord, une cour Oasis est installée depuis la dernière rentrée dans une école primaire. Il s’agit d’un îlot de fraîcheur (végétaux, points d'eau, matériaux naturels, moins d'asphalte) adapté aux conséquences du changement climatique. Autre réalisation : un réseau de géothermie construit depuis deux ans avec la ville de Grigny. Cette énergie propre raccorde de nombreux logements et bâtiments communaux, avec à la clé une baisse de 20% des factures. Face à sa réussite, le réseau devrait s’étendre et voir aussi d’autres villes le rejoindre. Retrouvez l’interview vidéo de Jean-Marie Vilain, maire de Viry-Châtillon, réalisée par Zepros Territorial.

Philippe Pottiée-Sperry

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